Panneau 10


Le Grand Hôtel du Lac de Joux

L'emblème du tourisme Belle époque à la Vallée

 

Cet établissement peut être considéré comme l’emblème d’un certain tourisme à la Vallée de Joux. Etre en sa présence aujourd’hui, la région toute entière étalée à ses pieds, c’est revivre en plein cette Belle Epoque où de doctes messieurs et de charmantes dames y logeaient. Ces dernières, pour la journée, entre les repas, désœuvrées juste ce qu’il faut, s’adonnaient à quelque loisir de circonstance dans la proximité immédiate de l’hôtel. On lit, on prend le thé, on déguste des petits fours, on jette un regard discret sur ses enfants que l’on découvre jouer à deux pas, on se promène sans impatience sur les jolis chemins préparés tout exprès pour vous. C’est en vérité une existence des plus agréables que l’on ne peut qu’envier encore un bon siècle plus tard.

 

Ces dames de la haute du Pont viennent contempler l’avancement des travaux au Grand Hôtel du Lac de Joux
Ces dames de la haute du Pont viennent contempler l’avancement des travaux au Grand Hôtel du Lac de Joux

Cet hôtel monumental fut construit par De Morsier Frères & Weibel de Genève qui avaient trouvé sur place un homme du terrain apte à les orienter : Henri Rochat-Golay, futur constructeur du Chalet-Suisse. Les travaux de construction débutent en 1900. Une année plus tard a lieu l’inauguration. Celle-ci fut relatée de manière détaillée dans la FAVJ du 18 juillet 1901. Son auteur, Samuel Aubert, donne toutes les informations sur le bâtiment ainsi que sur la journée des festivités où l’harmonie La Jurassienne participe et joue de brillants allegros.

 

On apprendra de cette manière que le nouveau bâtiment contient 120 lits, des salles spacieuses et confortables, une grande véranda vitrée sur la face sud, de nombreux balcons aux chambres à coucher, un salon de lecture, un salon de musique, des installations de bains et d’hydrothérapie ainsi qu’un restaurant indépendant pour les visiteurs de passage. L’hôtel est éclairé à l’électricité et pourvu d’un ascenseur. D’autre part il est d’une incombustibilité presque parfaite.

 

Règle essentielle, les tuberculeux n’y sont pas admis !

 

 

En ce début de siècle, l’administration du village du Pont fut un partenaire indispensable pour l’approvisionnement en eau sous pression dès que fut installé le réseau de distribution. Mais la consommation de l’Hôtel est importante. Il n’est pas toujours facile de fournir les quantités nécessaires.

Les six premières années de l’existence du Grand Hôtel sont positives, avec un pic en 1905 où toutes les chambres sont occupées, non seulement dans l’établissement lui-même, mais aussi dans toutes les pensions du village. C’est l’âge d’or de notre tourisme où, selon un chroniqueur de l’époque, les perspectives de développement pour l’entier de l’industrie hôtelière suisse portent sur des chiffres monstrueux !

 

Carte-réclame de lancement : ouverture juillet 1901
Carte-réclame de lancement : ouverture juillet 1901

 

Une première faillite intervient pourtant déjà en 1908. A-t-on vu trop grand, avec un bâtiment dont l’entretien est par trop conséquent par rapport au nombre d’utilisateurs? Puis vinrent les événements que l’on sait pour briser ces brillantes perspectives, la guerre de 14-18, la crise économique de 1929 et enfin La Seconde guerre mondiale. Ces événements tragiques n’allaient plus permettre à l’Hôtel de renouer avec le succès du début du siècle. Sa vie, conduite par des sociétés se succédant les unes aux autres, se fera désormais au ralenti.

 

Souhaitons simplement qu’aujourd’hui, le Grand Hôtel du Lac de Joux passé en de nouvelles mains, puisse retrouver son lustre d’antan.

 

Ces dames prennent du bon temps tandis que leur “marmaille” joue à proximité
Ces dames prennent du bon temps tandis que leur “marmaille” joue à proximité

Pour en revenir au début et à ces Messieurs Morsier Frères & Weibel de Genève, leurs vues étaient grandes. Outre le bâtiment lui-même, ils procédèrent à la création d’un terrain de tennis, d’une patinoire artificielle. Ils construisirent des garages pour leur clientèle fortunée, ils élevèrent des cabines de bains au bord du Lac de Joux et envisageaient la création d’un terrain de golf au sommet de l’Aouille. Ils participèrent aussi à l’établissement de pistes de luges, de ski et de bobsleigh. Bref, ils valorisèrent tous ces nouveaux sports dont le développement fulgurant se faisait par ailleurs aussi dans toute la Vallée de Joux. A ce jour, il reste de ces infrastructures les garages, l’emplacement de l’ancienne patinoire et les chemins de promenade de l’Aouille.

Le lac, avec sa plage et le navire à vapeur Le Caprice, constitue un atout privilégié
Le lac, avec sa plage et le navire à vapeur Le Caprice, constitue un atout privilégié

Outre ces loisirs sportifs, la clientèle du Grand Hôtel pouvait jouir de nombreuses promenades de proximité, dont celle de l’Aouille vous emmenant dans les endroits les plus romantiques des environs du village, parcourant les rochers et les rares forêts de l’époque, tantôt avec une vue imprenable sur le village et sa région, tantôt cachés derrière des pics sauvages où d’aucuns pratiquent aujourd’hui la grimpe. Cette promenade, désormais revalorisée, vous attend.

 

On lie souvent aussi la présence du Caprice, bateau de la Compagnie de navigation sur le lac de Joux, à celle du Grand Hôtel. Si le Caprice voguait déjà depuis 1889, l’un désormais n’irait plus sans l’autre, tout au moins sur les cartes postales innombrables que l’on connaît du Pont et de ses attributs touristiques majeurs pour cette époque exceptionnelle.

 

Précisons encore que le Grand Hôtel s’était attaché les services permanents du Dr. Hippolyte Yersin. Celui-ci devait se construire une villa sous-jacente à l’Hôtel. Elle existe encore. Elle fait partie de cet ensemble hôtelier fascinant de la région de l’Aouille et du Pont que vous découvrirez, nous l’espérons, avec grand plaisir.

 

Une publicité triomphante. Le sport est roi
Une publicité triomphante. Le sport est roi